Il est 5h20 quand le réveil sonne. Ça fait déjà 30min que je suis réveillé à attendre sous ma couette, impatient de partir. J’allume ma frontale, déplie mes bâtons et me met en route. Malgré un ciel scintillant de mille étoiles, la nuit est noire, il n’y a pas un bruit. Avec l’humidité, la végétation est d’argent à la lumière projetée de ma frontale.
Je m’élève lentement et entend progressivement les torrents du glacier autour de moi. Une brise descendante froide de plus en plus marquée se fait ressentir au fur et à mesure de mon ascension. Le glacier doit être au-dessus de moi pas très loin, je ressens son souffle. Les premières lumières des frontales transpercent la nuit autour du refuge que je commence à deviner. Le ciel se voile progressivement et les étoiles s’éteignent. Arrivé au refuge peu avant 7h je m’accorde une petite pause en attendant que la lumière du jour se fasse plus présente dehors. Mon objectif est de remonter le long du glacier jusqu’à son coude pour l’avoir en dessous de moi ; les premiers rayons du soleil illuminant alors la Barre des Ecrins à sa source. J’y renonce rapidement après être reparti. L’itinéraire traverse une section de rochers raides polis par le glacier. L’accroche de mes chaussures est rendu glissante par la pluie de la veille. Je préfère ne pas m’engager seul. Tant pis, ça sera pour une autre fois.
Mon nouvel objectif est tout trouvé. Il est en face de moi en train de se réveiller. Je sors le réchaud du sac pour me faire un thé et me réchauffer en patientant. Les nuages laissent alors entrevoir un mélange de neige fraîche de la veille et les restes de glaciers centenaires accrochés à ses falaises sommitales. Ce matin, le Pelvoux m’offre son plus beau spectacle. Je me sens privilégié d’être ici en face de lui et de le voir s’illuminer ainsi avec les quelques rayons de soleil qui arrivent à percer ce ciel nuageux. Je suis hypnotisé, ma déception initiale est déjà oubliée.
Je continue à explorer les environs pour essayer de prendre de la hauteur sur le glacier alors que le jour s’installe. Je n’insiste pas trop, je commence à ressentir un peu de fatigue et la descente est encore longue. Je suis de retour à mon point de départ à 11h alors que les premiers randonneurs commencent tout juste leur monter vers le refuge.
Pour une première au cœur du Parc National des Écrins je ne pouvais rêver mieux.